Peut-on se sentir légitime quand on ne connaît qu’un fragment de ses origines ?

Quand une culture ne nous a pas été transmise dans sa totalité, quand une langue a été tue, quand les liens avec une terre ou une famille sont restés distants, flous ou absents, qu’est-ce que cela change à la façon dont on se construit ? Est-ce qu’on apprend, à notre manière, à transformer ce manque en mouvement, en geste, en sens ?

Pensées Partagées
3 min ⋅ 10/05/2025

Je n’ai jamais mis les pieds sur la terre d’où mes parents viennent.
L’Algérie, pour moi, n’est pas un souvenir. Ce n’est même pas une image précise.
Ce sont des fragments racontés, souvent contradictoires : les souvenirs de mon père, les silences de ma mère. Deux récits qui ne se rejoignent jamais vraiment. Deux expériences d’un même pays, presque étrangères l’une à l’autre. Et moi, quelque part entre les deux, sans sol sous les pieds.

La langue arabe a bercé mon enfance, mais à huis clos. On me l’a transmise dans les murs du foyer.
Alors j’ai appris à comprendre sans parler.
Et c’est peut-être là que la coupure s’est faite : dans cette capacité à entendre sans pouvoir répondre. À contenir une langue sans pouvoir l’habiter.

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Pensées Partagées

Par Leïla Feghoul

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